Puisque tout se passe comme si le premier citoyen congolais préparait sa réélection. Il est donc en train de jeter les bases d’une large coalition à même de lui permettre de mettre toutes les chances de son côté pour rafler la mise face à ses adversaires. C’est de bonne guerre. Qui pourrait donc lui en faire le reproche ?
Ainsi, Jean-Pierre Bemba et Vital Kamerhe ont été nommés, respectivement, vice-Premier ministre, ministre de la Défense et vice-Premier ministre en charge de l’Economie, le vendredi 24 mars 2023, dans un remaniement gouvernemental opéré par le président Félix Tshisekedi à neuf mois des élections générales censées se tenir le 20 décembre de cette année.
Et le fait qu’il n’ait pas changé de Premier ministre indique très clairement ses intentions. Il agrandit son camp sans tout chambouler. Ce sont donc des nominations purement politiques puisqu’elles obéissent à des objectifs politiques dans la perspective de la prochaine Présidentielle.
Si la nomination de l’opposant Jean-Pierre Bemba peut quelque peu surprendre, celle de Vital Kamerhe, ex-directeur de cabinet du président Tshisekedi, tombé subitement en disgrâce en 2019, a de quoi surprendre davantage. D’autant que l’on a pensé, avec l’accusation puis l’incarcération de l’ancien directeur de cabinet, que les chemins des deux ex-alliés s’étaient définitivement séparés.
Mais ne dit-on pas qu’il ne faut jamais dire jamais et moins encore en politique, celle-ci étant le champ de tous les possibles ? Il faut quand même rappeler, afin que nul n’en ignore, que Vital Kamerhe a comparu, le 11 mai 2020, devant un tribunal.
Accusé de détournement des fonds du programme des 100 jours du chef de l'Etat, Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de prison en 2020 avant que le jugement ne soit cassé et qu'il soit acquitté en 2022. Depuis le vendredi 24 mars 2023, on peut dire qu’une nouvelle page des relations entre les deux hommes s’ouvre.
Quant à Jean Pierre Bemba, personnage haut en couleur qui s’est fait un prénom dans le sillage de son père, fondateur du Mouvement de Libération du Congo (MLC), un groupe politico-militaire, et vice-président de la République chargé de l'Economie durant la période de transition (2003-2006), il a été incarcéré par la Cour pénale internationale pendant près de dix ans pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité avant d'être acquitté en 2018.
Mais, il a été condamné pour subornation de témoins ce qui l’a empêché d'être candidat à l'élection présidentielle cette année-là.
Si les nominations des deux vice-Premiers ministres suscitent un intérêt certain, c’est moins en raison de leurs personnalités que de leur positionnement sur l’échiquier politique congolais, puisqu’ils ne font pas ou plus partie de la coalition au pouvoir. Ce sont des opposants à Tshisekedi.
Ce qui montre que ce dernier a décidé de faire tabula rasa du passé pour ne voir que l’intérêt du Congo, son pays. D’aucuns argueront que ces nominations procèdent plutôt de calculs politiciens.
Sans doute, mais il n’est pas moins vrai qu’elles rendent possible une certaine accalmie et mettent en priorité la préservation d’un climat de paix dans ce pays aussi vaste qu’un continent où les zones de turbulences ne manquent pas. En cela, le mérite de Félix Tshisekedi est à saluer.
HS/ls/Top News Africa
Publié le samedi 25 mars 2023