Il est 12h 18 (GMT et locale), ce samedi 9 janvier 2023, sous un soleil de plomb en cette période d'harmattan, lorsque nous débarquons dans la ville avec à la droite, le collège Alfred Koba, érigé en lycée récemment.
La circulation est fluide du lycée au marché, au centre-ville, en passant par la préfecture, la sous-préfecture, la radio communale, et la gendarmerie. Dans cette partie de la ville, le projet gouvernemental de bitumage des rues est à 70% du taux d'achèvement.
"Tout ceci est bien beau et joli, notre gros village Attiégouakro est devenu soudainement moderne, mais on ne peut plus rien n'acheter", lance dame Ahou Valentine, la quarantaine, assise derrière sa table où elle vend des bananes et autres vivriers, pour dénoncer la cherté de la vie, déplorant que ‘’ les produits agricoles, notamment, le vivrier, sont écoulés à Yamoussoukro’’.
Sur le marché local, une pénurie de ces produits fait grimper les prix. ‘’Les régimes de bananes et les ignames sont devenus chers. Quatre bananes à 500f, on dirait on est à Abidjan", poursuit-elle, mécontente.
Quant à Loukou Samson (38 ans) propriétaire d'une boutique d'alimentation, il voit plutôt le verre à moitié plein, car "Attiégouakro est devenu ce qu'il ne l'était pas il y a 5 ans au plaisir des riverains" qui peuvent ne plus choisir d'aller jusqu'à Yamoussoukro pour voir, selon lui, ce qu'une ville regorge.
De fait, après la visite d'État, du président de la République Alassane Ouattara en 2013, Attiégouakro, chef-lieu de département de 29 villages, connait un essor considérable.
Peuplé d'environ dix milles âmes, majoritairement Baoulé (peuple du groupe Akan), cette nouvelle ville voit naître plusieurs projets de développement avec la construction des hôtels, des belles cités, des collèges de proximité dont Pi-carré.
Si pour certains, l'avènement du développement est salutaire, il n’est pas sans conséquences avec la hausse excessive du prix des loyers.
"Les logements sociaux offerts par feu Félix Houphouët-Boigny, le premier président ivoirien (1960-1993), qu'on nous faisait louer à 15 000 FCFA ou 20 000 FCFA sont passés à 60 000 F voire 100 000 FCFA", décrie Philippe Kouassi, infirmier en service au Centre de santé urbain (CSU) de la ville.
"Il y a même des collègues et des amis enseignants qui sont contraints d'aller résider à Yamoussoukro pour venir tôt le matin prendre service", ajoute-t-il dans sa blouse blanche, selon qui Yamoussoukro est moins cher que Attiégouakro.
A entendre le délégué départemental du Conseil national de la jeunesse de Côte d'Ivoire (CNJCI), Hervé N'Goran, toutes ces augmentations (y compris le prix du m2 de terrain), se trouvent justifiées avec le développement soudain de la ville, ‘’même si on doit en payer le prix’’.
"Le développement, c'est bien mais la population subit le coup, et ce n'est pas arrangeant. Pour un Studio, on te parle de 60 000 F, chambre salon 70 000 F", y va de son commentaire, Hervé N'Goran, assis dans une chaise à rabat sous un arbre à palabres, prenant de l'air.
"Il y a des femmes qui partent faire leurs provisions à Yamoussoukro, parce qu'elles estiment que c'est moins cher", explique pour sa part Olivia Koffi, enseignante au collège Pi-carré.
Embarqué dans le train du développement, Attiégouakro demande la finition de la construction de son grand marché à l'extrémité Est de la ville, sa mairie dont la première pierre a été posée et son commissariat pour plus de sécurité dans la ville et ses grands villages environnants.
DNG/hs/ls/Top News Africa
Publié le mercredi 11 janvier 2023