L’information a été donnée, ce jeudi 12 juin 2025 à Abidjan, par Yayo Franck, ingénieur d’exploitation à Côte d’Ivoire Energies, lors de la cérémonie de lancement du « projet climat et innovation » présidée par le Premier ministre, Robert Beugré Mambé en présence de plusieurs autres personnalités dont l'ambassadeur de l'Allemagne en Côte d'Ivoire, Matthias Veltin .
A cette occasion, M. Yayo a présenté les avancées technologiques et les défis liés à la centrale solaire de Boundiali, un projet qui illustre une nouvelle étape dans la transition énergétique en Côte d’Ivoire.
Mise en service il y a quelques mois , cette centrale affiche déjà des performances notables. Sa puissance installée qui est de 67 mégawatts, a rapidement dépassé ce seuil.
« Nous avons atteint un pic de 73,5 mégawatts dès les premiers mois d’exploitation », a déclaré M. Yayo. Ce dépassement, a-t-il expliqué, confirme la qualité de l’installation et l’excellent ensoleillement de la région et un système de stockage au cœur de la performance
Cependant, ce n’est pas seulement la production qui impressionne. « Ce qui distingue Boundiali, c’est surtout son système de stockage par batterie lithium, conçu pour stabiliser la production solaire injectée dans le réseau », s’est félicité Yayo Franck.
« Le rôle du système de batterie est d’assurer le lissage. Dès qu’il y a une baisse de production due à un nuage, le système compense instantanément », explique-t-il.
Ce stockage intelligent repose sur six conteneurs équipés de 240 modules chacun. L’ensemble offre une puissance maximale de 13,8 MW, bien que l’exploitation soit volontairement limitée à 10 MW pour préserver la durée de vie des batteries.
Grâce à un onduleur MDPH, le courant continu est converti en courant alternatif (et inversement), permettant ainsi un échange d’énergie fluide avec le réseau national.
Par ailleurs, la centrale est capable de réagir à des variations de l’irradiance solaire en moins d’une seconde. Cela permet de limiter les fluctuations de fréquence, un point crucial pour la stabilité du réseau ivoirien. « Nous avons testé la fonction de soutien à la fréquence : elle est activable et a très bien fonctionné lors des essais », a t-il ajouté .
Malgré ces avancées, plusieurs défis techniques persistent. Le climat chaud de Boundiali sollicite fortement le système de refroidissement, et la poussière en saison sèche encrasse les équipements. De plus, l’absence de filière locale pour le recyclage des batteries inquiète à long terme.
L’autre point sensible est la dépendance aux fournisseurs étrangers pour les mises à jour logicielles (firmwares), qui limite l’autonomie des équipes locales.
Face à ces limites, des mesures sont déjà mises en œuvre. La maintenance préventive a été renforcée, un système intelligent (PMS) régule la charge des batteries entre 20 et 80 %, et une formation approfondie des équipes d’exploitation est en cours pour limiter la dépendance externe.
Enfin, une bâche à eau de 80 m³ a été installée pour répondre à tout risque de départ de feu, avec des exercices réguliers organisés avec les pompiers locaux.
Boundiali apparaît comme un modèle de centrale solaire hybride, alliant production renouvelable et gestion intelligente de l’énergie.
« Même quand le gestionnaire du réseau nous demande de baisser la puissance, l’énergie non injectée peut désormais être stockée pour être utilisée plus tard, par exemple en soirée », a souligné Yayo Franck.
Selon lui, ce type de projet doit se généraliser en Afrique de l’Ouest, à condition d’y intégrer dès le départ des solutions durables de recyclage et de rentabilité.
BC/Top News Africa
Publié le jeudi 12 juin 2025