Pourtant, l’absence remarquée de figures majeures de l’opposition, telles que Laurent Gbagbo et Guillaume Soro, interroge sur le poids réel de cette alliance dans la course à la présidentielle de 2025.
L’un des marqueurs de cette recomposition politique réside dans les tensions sous-jacentes entre certains leaders. Le président du Parti démocratique de Côte d'Ivoire (PDCI), Tidjane Thiam, a récemment pris ses distances avec d'anciens alliés, mettant en avant son rejet de toute forme de violence dans la conquête du pouvoir.
Lors d’une déclaration en septembre 2024, l’ancien banquier affirmait que ‘’tous les moyens ne sont pas bons pour arriver au pouvoir. Et moi, je refuse de pactiser avec ceux qui ont recours à la violence’’.
Un message à double lecture qui semble s’adresser autant au pouvoir en place qu’à certaines figures de l’opposition, notamment Guillaume Soro et Laurent Gbagbo.
Cette posture s’est confirmée lorsque le PDCI a tenu à se dissocier de toute alliance avec le mouvement Générations et peuples solidaires (GPS) de Soro, dont un membre, Kando Soumahoro, avait été arrêté pour avoir participé à une réunion de l’opposition.
L’initiative de la CAP vise à fédérer les forces d’opposition autour de plusieurs revendications majeures, notamment la réforme de la liste électorale, la révision du découpage électoral, l’indépendance de la Commission électorale et le financement des élections.
Toutefois, cette coalition se forme sans le Parti des peuples africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) de Laurent Gbagbo ni de représentants proches de Guillaume Soro.
De son vivant, Henri Konan Bédié avait réussi à maintenir une relative unité entre ces forces d’opposition. Sa disparition et l’arrivée de Tidjane Thiam à la tête du PDCI semblent avoir redistribué les cartes, éloignant certains acteurs politiques de la coalition en gestation.
Loin de constituer une alliance unie, la CAP reflète plutôt les divisions qui fragilisent l’opposition à quelques mois d’une échéance électorale cruciale.
Pendant ce temps, le Rassemblement des houphouétistes pour la démocratie et la paix (RHDP), au pouvoir depuis 2011, demeure ultra-majoritaire dans toutes les institutions du pays.
Que ce soit à l’Assemblée nationale, au Sénat ou encore au Conseil économique, social, culturel et environnemental, le parti d’Alassane Ouattara exerce une domination sans partage, réduisant considérablement la marge de manœuvre de l’opposition.
Cette hégémonie institutionnelle constitue un défi supplémentaire pour la CAP, qui doit convaincre non seulement par ses revendications, mais aussi par sa capacité à mobiliser au-delà des cercles traditionnels de l’opposition.
Si la CAP revendique un projet politique clair, son poids réel reste incertain sans l’adhésion des figures historiques de l’opposition. La question reste ouverte : cette coalition pourra-t-elle peser face au RHDP et son contrôle quasi-total des institutions ? Ou risque-t-elle de n’être qu’un regroupement aux ambitions limitées faute de leadership rassembleur ?
Les mois à venir seront déterminants pour juger de la capacité de la CAP à transformer ses revendications en actions concrètes et à offrir une véritable alternative aux électeurs ivoiriens.
MD/Top News Africa
Publié le mardi 11 mars 2025