Selon Bloomberg, les jeunes africains ont dépensé au cours de l’année 2023, plus de 1516 milliards de F CFA dans les paris sportifs.
Parmi eux, on y trouve des jeunes femmes dont l’âge varie entre 18 et 30 ans. Entre gains et pertes, retour sur le quotidien de ces ‘’mousso (femme en langue malinké) du jeu hasard ‘’
Cocody Angré, vendredi 23 août 2024, il est 10h. Dans un salon de coiffure aux murs peints en orange blanc, l’atmosphère est calme et détendue à l’absence de clients. Cela permet à l’apprentie tresseuse de se saisir de son téléphone portable pour faire ce qu’elle aime le plus : “parier“ avant le début du match.
Rebecca Kouilou est une vraie “mousso de 1 X BET“. Ce terme est utilisé par ses collègues de travail pour signifier que tout comme les hommes, Rebecca est abonnée aux paris sportifs.
A 19 ans, apprenant la coiffure depuis cinq mois, elle dépense une bonne partie de sa paie durement perçue dans les paris sportifs.
« C’est comme une drogue, des fois je perds toute ma mise, mais je suis dedans. Je ne peux pas laisser'',dit-elle.
Vêtue de son tee-shirt de travail et d’un pantalon noir, on peut voir la totale concentration dont elle fait preuve quand son “outil de travail “ est entre ses mains.
« Je dois me concentrer, parce que je dois vérifier laquelle des équipes a plus de “côte“ et aussi faire un tour sur les réseaux pour avoir l’avis des autres sur l’équipe susceptible de remporter le match avant de parier », relate l'apprentie tresseuse.
Comme beaucoup d’autres jeunes filles, c’est le gain facile qui a poussé Rebecca au pari sportif. Ayant besoin de plus d’argent que ce qu’elle gagne en étant coiffeuse, elle a voulu s’essayer au pari et grande fut sa surprise lorsqu’elle a remporté le triple de sa mise à son premier pari. Mais depuis quelques temps, un sentiment de regret l’anime.
Rebecca Kouilou a remporté lors de son premier pari sportif, la somme de cinquante mille francs. Gagner autant en un seul jour était une bénédiction pour elle, a-t-elle confié. Mais, au fur et à mesure que les paris s’enchainent, “la parieuse” se rend compte qu’elle devient de plus en plus perdante et dépendante de cette loterie.
Elle n’a plus d’économies, elle emprunte très souvent de l’argent à ses collègues qu’elle n’arrive pas à rembourser. Cela entache son éducation dont elle se vantait auprès de ses amies.
« J’ai été bien éduquée, mais de 1 X BET, je ne peux m’en passer. J’ai un peu honte quand je demande de l’argent à mes camarades pour parier. Malgré mon faible salaire, je ne me lasse pas de l’investir pour générer gros. Il y a eu des moments où je volais les monnaies des clientes pour parier. Ce n’est pas bien je sais, mais dès que je gagne le jackpot j’arrêterai », explique-t-elle, l’air triste.
D’autres “parieuses” se sont aussi exprimées sur le sujet comme Grâce Konan qui trouve que le pari sportif est devenu un effet de mode.
« J’étais une grande parieuse. Tout mon argent y passait. En plus, je n’arrivais plus à me concentrer en classe. J’étais constamment sur mon téléphone, pour vérifier si le match se passait bien ainsi que la position de mon équipe. Mes notes commençaient à chuter alors même que je n’accordais pas d’importance aux paris. Mais comme mes copines jouaient, j’ai aussi voulu essayer pour faire comme elles », confesse Grâce Konan.
A la différence de Rebecca et de Grâce, Bintou Ouédraogo, étudiante en marketing dans une université de la place, sait faire la part des choses. Elle ne fait pas du pari son activité mais son plaisir ''passager'' comme elle le dit. Car selon elle, l’abus à ce jeu a des fins dramatiques.
Parier devient de plus en plus un business qui semble rentable pour les jeunes dames de cette génération, malgré les défaites qu’elles rencontrent. Cependant, elles sont conscientes de l’impact d’addiction auquel elles s’exposent en faisant de ce jeu une activité.
AE/Top News Africa
Publié le samedi 24 août 2024