Si la réforme est saluée par la quasi-totalité des acteurs du transport en Côte d’Ivoire, le timing de sa mise en œuvre fait grincer des dents.
Youssouf Konaté est propriétaire d’une dizaine de cars desservant plusieurs localités du pays. S’il se satisfait de la réforme annoncée par le gouvernement, il demeure sceptique dans l’application de la décision gouvernementale.
‘’Je salue nos autorités pour cette décision. Vous savez, pour les accidents sur nos routes, on a mis en cause d’abord l’état des routes. L’Etat a fait du mieux qu’il peut pour réhabiliter bon nombre d’infrastructures routières. Ensuite, le vieillissement des véhicules a été mis au banc des accusés. L’Etat a encore pris des mesures pour prioriser des véhicules en bon état sur les routes’’, explique-t-il.
‘’Enfin, on dit que le facteur humain est pour beaucoup dans la survenance des accidents. Là encore, l’Etat a innové pour instaurer le permis de conduire à points’’, conclut M. Konaté.
Face à ce drame, il estime que la réforme est bienvenue. Sauf que M. Konaté ne comprend pas l’empressement du gouvernement à anticiper ‘’les choses’’.
‘’ A une rencontre avec le ministre des transports, tous nous avions marqué notre accord pour la réforme. Et le ministre a dit que celle-ci se fera après les états généraux des transports annoncés pour la fin du premier trimestre de 2023. Notre inquiétude vient du fait qu’avant ces assises, l’on se précipite à mettre en circulation le permis de conduire à points dès le 1er mars prochain’’, se désole ce transporteur.
Comme lui, d’autres acteurs du transport dénoncent la célérité de l’application de cette mesure. ‘’C’est vrai que nos dirigeants du secteur du transport sont d’accord mais il y a des réglages à faire pour que l’application soit fluide’’, préconise Aka Moïse, transporteur à Abengourou.
Du côté des organisations patronales du secteur du transport, l’on tempère pour l’instant.
‘’Personne ne conteste le permis de conduire à points. Seulement, comme les discussions se poursuivent avec l’autorité, nous ne pouvons pas exposer nos réserves dans la presse’’ déclare, sous le couvert de l’anonymat, un dirigeant syndical de transport.
‘’Pour une bonne mise en œuvre de cette réforme, il y a quelques détails relatifs à la cotation des points à enlever. Et ça, nous en discutons avec le ministère qui avait annoncé les états généraux des transports. Souffrez que nous n’en disons pas plus’’, ajoute-t-il.
Le dernier Conseil national de sécurité a relevé qu’il y a en moyenne 46 accidents de la route par jour, faisant près de 1 050 tués en 2022. Même si cette tendance est à la baisse, les autorités entendent redoubler d’efforts pour réduire les risques sur les routes. D’où l’instauration du permis de conduire à points à partir du 1er mars 2023.
Selon le ministère des transports, chaque infraction au Code de la route entraîne un retrait de points allant jusqu’à six points pour l’utilisation du téléphone au volant ou moins quatre points en cas de non-respect d’un feu rouge ou d’un panneau prescrivant l’arrêt.
HS/ls/Top News Africa
Publié le lundi 23 janvier 2023