Selon cette Confédération une nouvelle inclusive permettra une meilleure représentativité des personnes vivant avec handicap dans les processus électoraux, aussi bien en tant qu’électeurs, candidats et acteurs de premier plan au sein des partis politiques et de la commission centrale de la Commission électorale indépendante (CEI, organe en charge des élections).
L’annonce a été faite dans un réceptif hôtelier de la deuxième grande ville ivoirienne lors d’un séminaire de formation, qui a regroupé du 19 au 20 avril une vingtaine de représentant des médias ivoiriens.
Cette formation est intervenue dans le cadre du «projet de renforcement de la participation politique et citoyenne des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire», cofinancé par l’Union européenne et l’ONG chrétienne internationale de développement (CBM, sigle en anglais pour Christian Blind Misssion) et mis en œuvre par la COPH-CI.
Ce nouveau code électoral que souhaite la faitière des organisations des personnes handicapées de Côte d’Ivoire permettra de lever diverses barrières empêchant la pleine participation des personnes vivant avec handicap dans les processus électoraux dans ce pays le plus développé d’Afrique de l’Ouest francophone.
« Oui, bien sûr que j’ai déjà voté…mais dans des conditions difficiles », se souvient Daouda Coulibaly, personne non-voyante, président de la Coordination des associations des personnes en situation de handicap de la Vallée du Bandama (CAPH-VB).
« Dans notre cas on est obligé de se faire assister pour aller voter. Je suis donc obligé de me faire accompagner dans le bureau de vote par un enfant, un ami ou ma femme. S’il n’y a personne de disponible alors je ne participe pas au vote parce qu’il n’y a aucune disposition pratique prévue par la CEI pour me permettre de voter de façon autonome », ajoute-t-il.
C’est pourquoi, poursuit M. Coulibaly, « on demande que le code électoral soit plus inclusif pour prendre en compte la question du handicap visuel pendant les élections en intégrant par exemple une tablette spécialisée avec laquelle on peut voter tout seul sans l’aide de quelqu’un », comme cela se fait d’ailleurs dans plusieurs pays du monde, à l’instar du Ghana, le pays voisin de la Côte d’Ivoire.
« Il existe encore des barrières de tout ordre à une bonne participation des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire », dont plusieurs barrières physiques, a renchérit à son tour, le chef du projet, Alfred Kouassi.
« Les escaliers dont on ne tient pas compte lorsqu’on affecte les personnes handicapées dans les bureaux de vote, quelqu’un qui est en fauteuil roulant qu’on met au premier étage. Comment cette personne peut-il voter ? », a-t-il interrogé avant de s’intéresser à la situation spécifique des personnes en situation de handicap visuel.
Comment doit-on interpréter, le cas d’une « personne qui doit voter et qui se fait accompagner par quelqu’un qui vient voter à sa place avec le risque de ne pas voter son candidat à lui mais plus grave encore la personne qui accompagne va savoir qui cette personne doit voter (pas de secret du vote donc).
Pour M. Kouassi, par ailleurs, conseiller au Conseil national des droits de l’homme (CNDH), il faut impérativement lever ces barrières en procédant à la mise en place d’un nouveau code électoral plus inclusif qui permettra à la CEI de prendre des mesures qui tiennent compte de la question du handicap et des personnes handicapées, favorisant ainsi leur participation « de façon pleine, entière et autonome en gardant le secret de leur vote ».
La convention relative aux droits des personnes handicapées, ratifiée par l’Etat de Côte d’Ivoire, en son article 29 recommande aux Etats parties à faire en sorte que les personnes handicapées puissent effectivement et pleinement participer à la vie politique et à la vie publique sur la base de l’égalité avec les autres, que ce soit directement ou par l’intermédiaire de représentants librement choisis, et notamment qu’elles aient le droit et la possibilité de voter et d’être élues.
C’est d’ailleurs ce qui stimule la COPH-CI a encouragé les personnes handicapées à se présenter comme candidats aux différentes élections locales à venir dans leur circonscription respective, ce qui contribuera à lever les tabous à leur encontre.
« On n’a pas besoin d’être politicien de carrière pour gérer par exemple une ville où une région. Tout le monde doit participer, la seule problématique ce sont les barrières qui existent encore à ce sujet. « On veut être sur les listes et on est prêt pour cela », a conclu Alfred Kouassi.
Le projet de renforcement de la participation politique et citoyenne des personnes handicapées dans les processus électoraux en Côte d’Ivoire, recommande entre autres la nomination de personnes handicapées dans des institutions de la République, tels que le Sénat, le Conseil économique, social environnemental et culturel ainsi qu’au sein du Comité central de la CEI.
Selon le dernier rapport de l’Institut national de la statistique (INS), datant d’avant le recensement général de la population et de l’habitat (RGPH) de 2021 et repris par la COPH-CI, il existe en Côte d’Ivoire 620 639 personnes handicapées.
Mais la COPH-CI, estime à environ 4 millions (15% de la population globale) le nombre de personnes vivant avec handicap en Côte d’Ivoire en se basant sur les normes établies par l’Organisation mondiale de la santé (OMS).
PIG/CK/ls/Top News Africa
Publié le dimanche 21 mai 2023