A Yopougon, au groupe scolaire Bas- fonds, à l’ouest d’Abidjan, les vendeuses de ''pain-condiments", très prisé par les jeunes écoliers, se tournent les pouces.
‘’Depuis six heures du matin, j’ai été à la boulangerie qui d’habitude, me livre le pain. Ils ont baissé rideau. Nous ne produirons de pain aujourd’hui. Il y a une grève’’, relate dame Clémentine Akissi, dépitée, devant ses bols pleins de condiments (haricot, poisson et viande hachés, soja, vermicelle…) qu’elle ne pourra pas écouler, faute de pain.
A quelques encablures de là, au lycée Carnot, le décor est identique. Des vendeuses attendent les livreurs de pain pour ‘’travailler’’’. Mais, ceux-ci ne viendront pas car ‘’on dit qu’ils sont en grève’’, informe Aissatou Coulibaly qui ne sait que ‘’faire des mets que j’ai préparé sans pain’’.
Dans cette commune, la chaîne de boulangerie ‘’o blé d’Or’’ a fermé la quinzaine de ses succursales. ‘’On ne peut acheter le sac de farine à 26000 FCFA contre 21 000 FCFA par le passé et vendre le pain à 150 FCFA’’, dénonce Aziz Mohamed, l’un des gérants d’une boulangerie ‘’o blé d’Or’’.
Les boulangeries de particuliers ne sont pas en reste. Doumbia Karim est de ceux-là. Il a demandé à ‘’ses employés de ‘’rester à la maison car on ne peut travailler à perte’’. A Marcory, dans le Sud de la capitale économique, le mouvement est partiellement suivi comme à Abobo, dans le nord d’Abidjan. Les acteurs du secteur ne sont pas tous concernés.
A Abobo, ce sont les boulangeries appartenant pour la plus part à un meunier qui ont ouvert, explique à l’agence de presse Top News Africa, un acteur du secteur.
Au contraire de la commune de Koumassi où les boulangeries sont, certes, ouvertes mais elles ne produisent pas de pain, car ‘’la farine est devenue chère’’, explique un propriétaire de boulangerie. Au Plateau, quartier administratif et centre des affaires, le pain est bien présent dans les kiosques.
En revanche, à Cocody, la grève est suivie par certaines boulangeries. C’est le cas de la boulangerie française à la montée du pont Soro à la 8è tranche. Elle a baissé pavillon.
Le mouvement partiellement suivi, dans l’ensemble, à Abidjan, présente le même tableau à l’intérieur du pays.
Selon le bilan du Haut patronat de la boulangerie et de la pâtisserie de Côte d'Ivoire, « pour la première journée, on peut dire que l'arrêt de travail a été suivi à plus de 70% partout ».
« Il n'y a que Daloa (Centre-ouest) qui nous prendra en marche demain. Tous les boulangers de cette circonscription ont une rencontre ce jour », a expliqué M. Amadou Coulibaly, le président de cette faîtière.
« A Bouaflé nous avons enregistré 7/11 boulangeries qui ont suivi l'arrêt de travail soit 77%, à Diégonéfla 3/5, à Bayota 100%, dans le Guemon 21/22 soit 95,45%, à Agboville 8/13 soit 61,5%, à Séguela 75%, à Odienné 100%, à Treichville 90%, à Yopougon 90%, à Gagnoa 8/24, à Koumassi 98%, à Abobo 80%, à Anyama 55%, à Guiglo 8/9 soit 88.89%, à Taï 5/5 soit 100%, à Bloléquin 2/4 soit 50%, à Toulepleu 3/4 soit 75% », a-t-il énuméré.
Poursuivant, M. Coulibaly a ajouté qu'à "Grand-Béréby et à Tabou, il y a eu 100% qui ont suivi le mouvement. A San Pedro il y a 40/43 qui ont suivi et à Sassandra, aucune des 5 boulangeries n'a suivi la grève".
Poursuivant, M. Coulibaly a ajouté qu'à "Grand-Béréby et à Tabou, il y a eu 100% qui ont suivi le mouvement. A San Pedro il y a 40/43 qui ont suivi et à Sassandra, aucune des 5 boulangeries n'a suivi la grève".
‘’Ici, nous n’observons pas un quelconque mot d’ordre de grève. Nous avons du pain. Votre guerre de pain, c’est à Abidjan’’, ironisent diverses sources jointes au téléphone à Gagnoa, Attiégouakro, Abengourou, Man...
Deux faîtières du syndicat des boulangers sur les trois notamment FECOBPCI et FIPABPCI se sont désolidarisées de ce débrayage, appelant à ne pas augmenter le prix de la baguette de pain.
Une note d'information de la direction générale des Grands Moulins d'Abidjan informait qu"elle procédera à une augmentation de ses tarifs à compter du 1er février 2023".
Les meuniers ivoiriens ont bénéficié au plus fort de la guerre russo-ukrainienne en 2022, d'une subvention de l'Etat ivoirien pour éviter une augmentation de la farine.
Mais, explique un fin connaisseur du secteur à l'agence de presse Top News Africa, "l'Etat a mis fin à cette subvention", et "c'est ce qui explique" selon lui "cette hausse annoncée de la farine".
HS-DNG-EGN/ ls/ Top News Africa
Publié le lundi 6 février 2023