Livrés aux humeurs d’acheteurs véreux qui fixent un prix d’achat, largement en dessous du prix officiel (351 FCFA le kilogramme du latex), les producteurs d’hévéa de la sous-préfecture de Dignago regroupant sept villages et une dizaine de campements, n’ont autre alternative que de brader leurs productions pour survivre.
‘’Nous sommes obligés de vendre nos productions à ces acheteurs à vil prix. Là où l’Etat a fixé le kilogramme à 351 FCFA, ces acheteurs d’une autre race paient 150 F à 225 FCFA pour les plus chanceux’’, dénonce Dame Léontine Djollo, productrice, prête à livrer sa production de 910 Kg à 200 FCFA.
Pour Martin Djédjé du village de Bagasséhoa, à environs 15 km du chef-lieu de la sous-préfecture, Dignago, ’’avec les balances souvent truquées des acheteurs, on n’est pas sûr d’avoir le poids réel. A ce niveau, déjà, nous sommes grugés car on peut perdre 5 à 10 kg de notre production sans compter le prix dérisoire annoncé par l’acheteur’’.
Cette situation, selon Ferdinand Kouassi du village de Lébré, affecte ‘’la commercialisation de nos produits et nous confine dans une pauvreté criarde. On est loin de la période où le Kg du latex se payait à 1000 FCFA’’.
Et d’ajouter que ‘’depuis que le pouvoir actuel a +libéralisé+ la commercialisation de l’hévéa par la naissance de sociétés pour l’achat en lieu et place de la Saph (ndlr : Société africaine des plantations d’hévéa), les acheteurs se donnent à cœur joie. Et comme, nous sommes dans les besoins pour scolariser nos enfants, nous ne pouvons que nous plier à leur décision’’.
‘’Pire, ils pèsent la production et nous remettent un reçu pour le paiement qui peut durer une à deux semaines’’, précise Jonas Gbéby. Ce qui a amené le sous-préfet d’alors de Dignago, Kouassi Hervé, à tenir une rencontre avec les acheteurs et producteurs pour concilier les positions sur le prix d’achat, en payant, à défaut du prix indiqué par les organes de régulation de la filière, un prix raisonnable.
Mais depuis cette rencontre en novembre avant la mutation de M. Kouassi, la situation n’a guère évoluer.
A la délégation de la Saph de Digayo, l’on reconnaît que la situation de ces producteurs n’est pas ‘’heureuse’’ mais ils n’ont qu’à se prendre à eux-mêmes. ‘’A l’avènement de l’hévéaculture, s’ils avaient pris un code de commercialisation à la Saph, ils n’en seront pas là. Tous ceux qui ont un code ne connaissent pas ce problème’’, soutient, sous le couvert de l’anonymat, un agent de la Saph.
A Dignago, le vœu des producteurs d’hévéa est de voir les autorités compétentes solutionner leur problème afin de jouir, convenablement, du fruit de leur labeur.
HS/ls/Top News Africa
Publié le jeudi 12 janvier 2023