L’aventure a pris fin pour Yannick à Tunis où il a passé un an et trois mois entre prison, petits boulots et tentatives de rallier l’Italie, sa destination finale lorsqu’il quittait Abidjan où il a arrêté les études en classe de 1ère.
Pour atteindre la Tunisie, Yannick est passé par Bamako au Mali et l’Algérie. ‘’ J’ai payé 30000 FCFA d’Abidjan à Bamako au titre de transport routier. Pour accéder à la frontière du Mali avec l’Algérie, j’ai encore déboursé 30.000 FCFA. De la frontière algérienne à la première ville de l’Algérie, Bordj, j’ai payé 70. 000FCFA. De cette ville algérienne à la Tunisie, j’ai payé 350. 000 FCFA avec un guide guinéen’’ explique Yannick.
‘’Nous étions sept personnes. Une fois sur le territoire tunisien, le guide nous a mis dans un car et chacun est allé de son côté’’, raconte Yannick. C’est là que commence le plus dur pour le jeune d’à peine 22 ans. ‘’La vie n’est guère facile à Tunis avec le racisme exacerbé’, soutient-il.
Pour survivre en attendant de continuer son chemin de l’Italie, Yannick exerce de petits boulots : jardinage, maçonnerie, service dans les cafés…., tous les petits métiers sont à ‘’prendre’’ pour se faire un peu d’argent pour la traversée de la Méditerranée pour laquelle il faut débourser 1.800.000 FCFA.
‘’Que tu arrives à destination ou pas, cet argent n’est pas remboursé’’, déplore Yannick qui à quatre reprises, a tenté la traversée sans réussite. Car, poursuit-il, à deux reprises, ‘’la police nous est tombée dessus pour nous refouler. La troisième fois, c’est là que j’ai vu la méchanceté des Tunisiens’’.
Il relate que la navigation dans la Méditerranée se fait à bord de petites embarcations bien souvent surpeuplées qui ne sont pas à l’abri d’incidents provoqués par les passeurs eux-mêmes comme le jour où la Marine a provoqué un naufrage.
‘’Ce jour-là, la marine a provoqué un naufrage parce qu’ils voulaient nous faire revenir. Ils ont tapé le capitaine et le bateau a chaviré causant 18 morts. Ceux qui sont restés vivants, c’est grâce aux chambres à air (gilets)’’, soutient Yannick qui dit avoir eu la vie sauve grâce à son agilité à s’accrocher à une barre de fer de l’embarcation. ‘’ Sinon, je me serais noyé’’, soupire-t-il.
Expulsé de la Tunisie avec d’autres africains de diverses nationalités, Yannick a regagné la Côte d’Ivoire non sans difficultés. ‘’Dans notre cas, la Police a mis la main sur nous et nous a envoyés à la frontière de la Tunisie avec l’Algérie, femmes enceintes, nourrices, enfants et tous, ils nous ont laissés à la frontière’’ où chacun se débrouille, dit-il.
‘’ J’ai essayé de retourner à Tunis, ils m’ont ramené à 6 fois’’, se rappelle Yannick qui a dû se résoudre à traverser le désert par le Niger pour arriver au Mali où sa mère lui a expédié de l’argent pour regagner Abidjan. ‘’ Ce n’était pas facile. Nous avons marché 6 jours et 6 nuits dans le désert. Des femmes et enfants déshydratés mouraient sous nos yeux, impuissants’’, ajoute le jeune migrant.
Il conseille les candidats à l’aventure de ne pas emprunter la voie de l‘immigration clandestine. ‘’Moi, on ne m’a pas parlé de ces réalités, c’est arrivé là-bas que j’ai constaté. C’est mieux de s’organiser dans son propre pays et prendre sa vie en main que d’aller en aventure dans ces conditions’’, exhorte Yannick qui affirme avoir vu ‘’la mort de mes propres yeux’’.
HS/Top News Africa
Publié le dimanche 10 septembre 2023