Bonjour Monsieur. On vous connaît sous le nom d'artiste de Tao. Pouvez-vous vous présenter?
A l’état civil, je m’appelle Bernard Tao, né dans l’un des villages de l’ouest de la Côte d’Ivoire qu’on appelle Koua, dans l’ex-sous-préfecture de Facobly.
A quand remonte votre passion pour l'art humoristique et le théâtre en général ? Aviez-vous suivi un cursus scolaire pour cet art?
J’ai appris le métier sur le tard. Je suis comédien de formation, comédien de planches. J’étais membre de la compagnie de M. Assandé Fargass en 1990. C’est avec lui que j’ai commencé le théâtre. Et lorsqu’en 1995, l’émission ‘’dimanche passion’’ de la RTI 1 (première chaîne de la télévison publique) produite et animée par Barthélémy Inabo a vu le jour, Tandé alias Bébé Gaté m’a fait appel. C’est comme ça que j’ai fait mes premiers pas dans l’humour.
On naît ou on devient humoriste?
Il faut avoir des prémices pour embrasser le théâtre. Mais comme tout métier ça s’apprend. Il y a une école, l’Insaac qui forme aux métiers des arts. Le théâtre s’apprend. Maintenant, pour l’humour qui découle du théâtre, il n’y a pas encore une école dans ce domaine.
Avec Zongo, vous formez un duo bien apprécié des Ivoiriens. Comment est née cette complicité entre vous deux?
Lorsque j’intégrais la famille Bébé Gaté dans Dimanche Passion avec Gbazé Thérèse et autres, Zongo, lui, était avec le Djély théâtre de Gbi de Fer. Nous étions les plus jeunes de chacun de ces groupes. Nous étions les VNC (venez nous chercher). C’est comme ça, quand un voisin avait une cérémonie (anniversaire, baptême, mariage), on venait prester, à Yopougon, notre fief.
On allait de succès en succès. C’est comme ça, Zongo et moi, nous nous sommes mis ensemble pour créer ce duo apprécié, toute modestie mise à part, par les Ivoiriens. Nous avons eu un temps mort avant de marquer notre retour par un grand spectacle intitulé ‘’Immigration Kabako’’, le 29 octobre dernier au Palais de la Culture à Treichville.
D'aucuns pensent que vous êtes un bègue de naissance. Alors comment arrivez-vous à vous mettre dans la peau d'un bègue sur les planches?
Comment j’arrive à jouer le rôle d’un bègue ? Ecoutez, je suis comédien et un comédien doit être capable de camper le rôle qu’on lui donne. J’ai lu dans une revue datant de 1939 que mon grand-père avait dit, que ‘’l’art sans l’homme n’est pas de l’art mais l’homme dépourvu entièrement de l’art incompatible dans son essence avec l’art n’est pas non plus l’homme véritable’’.
Donc, un homme normal doit pouvoir créer. C’est comme ça, un jour à une répétition à Abobo, le metteur en scène avait un rôle qui flottait. Il fallait quelqu’un pour incarner un bègue. J’avais déjà un rôle. Les autres ont essayé, ils n’ont pas réussi. Quand je me suis exercé, le metteur en scène m’a confié le rôle. C’est comme ça que j’ai incarné le rôle de bègue pour la première fois. Et arrivé à Dimanche Passion, Gbazé Thérèse m’a demandé si j’ai un sketch, car là-bas, on ne vient pas en observateur, il faut proposer quelque chose. Donc je lui ai proposé mon sketch où un candidat à une élection présidentielle était un bègue. Elle me demande qui va jouer le bègue dans ton sketch ? J’ai dit que je vais essayer. Quand j’ai joué ce rôle, Barthélemy Inabo a apprécié. Depuis lors, je joue ce rôle.
Quel regard votre entourage porte-t-il sur le Tao sur scène qui bégaie et Tao dans la vie courante
Oui, effectivement, certains pensent que je suis un bègue dans la vie. Et ils sont surpris quand je parle normalement comme eux. Par contre, d’autres qui ont, sûrement, côtoyé les arts, reconnaissent que c’est un jeu de scène que le comédien que je suis, campe. Je reconnais, cependant, que dans l’ensemble, les gens sont surpris que je parle correctement et que je n’ai rien d’un bègue dans la vie courante.
L’humour nourrit-il son homme ?
Oui, l’humour nourrit son homme. Nous ne roulons, certes pas, sur de l’or, mais quand vous regardez dans le monde des arts, les humoristes sont loin d’être des nécessiteux. Pourvu qu’on mette du sérieux dans ce qu’on fait. Nous ne sommes pas les derniers de la classe. Donc, l’humour nourrit son homme. Je ne suis ni planteur ni bureaucrate, mais mes enfants sont à l’Université. C’est avec le fruit de cet art que j’ai réussi à les scolariser, à entretenir ma famille. Donc, et je le répète, l’humour nourrit son homme.
Vous aviez flirté avec la musique...
Oui j’ai flirté avec la musique. Vous savez le théâtre est la mère de tous les arts. On y apprend à danser, à chanter…donc, si un comédien chante, cela ne doit pas étonner. Car au théâtre, vous avez toutes les émotions qui sont transportées par les chants. Donc il faut chanter. De temps en temps, il faut chanter. Là, je suis en studio et vous verrez bientôt.
Quels sont vos projets immédiats pour 2023?
Mes objectifs immédiats ? Vous savez, on parle de Hollywood, Nollywood, nous sommes en train de monter quelque chose pour booster le cinéma ivoirien. Les cadreurs, comédiens, metteurs en scène…nous nous sommes mis ensemble pour créer quelque chose de ce genre. Un peu de patience. Concernant le duo Zongo et Tao, nous allons continuer la caravane ‘’ Immigration Kabako’’ à l’intérieur du pays et dans la sous-région pour sensibiliser les jeunes qui tentent cette aventure.
‘’Immigration Kabako’’ interpelle la jeunesse. Nos jeunes pensent que l’Eldorado est ailleurs et prennent des risques pour braver les intempéries pour se rendre en Europe. Or, on peut réussir ici. Donc, dans ‘’Immigration Kabako’’, nous les interpellons. Pour 2023, il s’agira de sillonner toute la Côte d’Ivoire après le lancement à Bonon et attaquer la sous-région.
HS/ls/Top News Africa
Publié le lundi 9 janvier 2023