La révélation est faite par le Conseil national des droits de l’homme (CNDH) qui a lancé la sonnette d’alarme, ce jeudi 26 juin 2025, face à la recrudescence des grossesses de jeunes filles en cours de scolarité en Côte d’Ivoire.
Dans un communiqué officiel, l’institution indique avoir recensé 4481 cas de jeunes filles tombées enceintes entre septembre 2024 et juin 2025, contre 4187 sur la même période l’année précédente, soit une hausse inquiétante de 8,31 %.
Cette tendance, qui touche aussi bien les milieux urbains que ruraux, met en péril le droit fondamental à l’éducation pour des milliers d’élèves et interpelle l’ensemble des acteurs du système éducatif ivoirien.
Les régions les plus concernées par ce phénomène sont la Nawa avec 424 cas, le Tonkpi (408), le Tchologo (280), la Marahoué (267), le Hambol (258) et le Cavally (213).
Le district d’Abidjan, pourtant mieux pourvu en infrastructures éducatives, enregistre également 197 cas, ce qui montre que le phénomène dépasse les frontières du sous-développement ou de l’ignorance supposée.
Dans son rapport, le CNDH illustre les conséquences dramatiques de ces grossesses sur la scolarité des jeunes filles à travers plusieurs cas concrets. À Somniassé, dans le Bounkani, une élève de troisième a donné naissance en pleine session du BEPC, l’empêchant de poursuivre ses épreuves et contribuant à son échec.
À Aboisso, une candidate au baccalauréat a accouché à l’aube du jour de l’examen, avant de se présenter en salle de composition, ce qui lui a valu une perte de connaissance quelques heures plus tard. À Abongoua, dans le Moronou, une autre élève enceinte a accouché le deuxième jour des examens et n’a pu passer certaines matières essentielles.
Ces faits, bien loin d’être isolés, traduisent la réalité brutale que vivent de nombreuses adolescentes en milieu scolaire. Elles doivent affronter non seulement les défis de la grossesse, mais aussi le poids du regard social, l’abandon scolaire, l’exclusion parfois tacite, et l’impossibilité de concilier maternité soudaine et poursuite des études.
Le CNDH rappelle que ces situations ne sont pas de simples accidents de parcours mais des violations graves des droits de l’enfant et du droit à l’éducation. Face à cette situation alarmante, l’institution appelle à une mobilisation collective et coordonnée.
Elle invite les parents à s’impliquer davantage dans l’éducation affective et morale de leurs enfants, les autorités publiques à renforcer les actions de prévention et de suivi, et la société civile à intensifier la sensibilisation dans les établissements et les communautés.
Derrière ces chiffres, ce sont des destins brisés, des ambitions compromises et de jeunes vies marquées prématurément par des responsabilités qui dépassent leur âge.
Le phénomène des grossesses en milieu scolaire révèle aussi les carences dans l’éducation sexuelle, les tabous persistants autour de la santé reproductive, ainsi que l’absence de mécanismes efficaces d’accompagnement dans les établissements scolaires.
Si aucune action forte n’est entreprise, le risque est grand de voir ces statistiques s’aggraver, compromettant non seulement l’avenir des jeunes filles, mais aussi celui du pays. Le CNDH, en publiant ce rapport, envoie un signal clair qui est celui de, « l’heure n’est plus au constat, mais à l’actio ».
BC/Top News Africa
Publié le vendredi 27 juin 2025