Cette localité, qui incarne à elle seule la diversité culturelle et la fraternité interétatique, s’est transformée en l’espace d’une journée en capitale de la paix transfrontalière.
Les représentants des communautés, délégations venues du Burkina Faso et du Mali, responsables des forces de défense et de sécurité, autorités coutumières et populations riveraines ont tous convergé à Pogo pour prendre part à cet événement, sous le thème, «Quelles contributions des acteurs frontaliers au renforcement de la coopération transfrontalière et à la cohabitation pacifique à nos frontières ?».
Le représentant du préfet de région Touré Djamatigui a planté le décor en saluant la vision de l’Union africaine (UA) qui, à travers l’instauration de cette journée, « veut faire des frontières africaines non plus des zones de séparation mais des espaces de développement partagé, de paix et d’intégration socioculturelle ».
Il a insisté sur le fait que « les frontières sont d’abord des barrières matérielles, alors que les peuples qui vivent de part et d’autre partagent des cultures, des langues, des croyances et une histoire commune ».
Il a en outre salué l’action de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire (CNFCI), pilotée par le préfet hors-grade Diakalidia Konaté, qui joue un rôle de premier plan dans la sensibilisation des populations et le renforcement des capacités locales.
Du côté des populations, le ton était à la reconnaissance et à la fidélité. En langue Sénoufo, le mot « Fotamana », signifiant « bienvenue », a ouvert les salutations du porte-parole de la communauté, Ouattara Beh Issa .
Cette dernière, composée de plus de 10 400 âmes issues d’ethnies et de nationalités diverses (Sénoufo, Malinké, Akan, Burkinabè, Guinéens, Nigériens, etc.), a rappelé sa parfaite cohabitation.
« À Pogo, nous vivons en paix, nous nous marions entre nous, nous enterrons nos morts ensemble. Aucun conflit communautaire n’a été enregistré ici », a souligné le porte-parole, qui a également évoqué la gestion collective d’un champ communautaire issu du projet COSO, comme symbole de cette unité. Le COSO, est un projet de Cohésion Sociale des Régions Nord du Golfe de Guinée.
Dans son allocution, le représentant du Premier ministre Robert Beugré Mambé, président de la Commission nationale des frontières de Côte d’Ivoire, (CNFCI), Diakalidia Konaté a souligné que cette journée doit « renforcer les liens entre les peuples frères et encourager la coopération transfrontalière à tous les niveaux ».
Il a précisé que la Côte d’Ivoire et le Mali ont déjà adopté le tracé théorique de leur frontière, après une mission technique menée en avril, tandis qu’avec le Burkina Faso, les travaux sont à l’étape de validation partielle. À ce titre, des commissions techniques mixtes de matérialisation ont été mises en place pour éviter les conflits liés aux limites territoriales.
Il a par ailleurs mis en garde contre la montée de l’insécurité liée aux groupes terroristes dans le Sahel.
« Nous sommes tous responsables de la préservation de la paix. Il ne peut y avoir de développement sans sécurité. Excluons les discours de haine, soyons les sentinelles de notre propre stabilité », a-t-il martelé, exhortant la jeunesse, les femmes et les chefs coutumiers à jouer leur rôle dans la prévention des conflits liés à la terre, à l’eau ou à la gestion des ressources.
Dans un geste symbolique de solidarité, plusieurs dons ont été remis à la population de Pogo. Il de matériel informatique pour la sous-préfecture de Toumoukoro, 100 tables-bancs pour l’école primaire publique, et une pompe hydraulique villageoise améliorée, opérationnelle dans les jours à venir.
Ces actions concrètes viennent matérialiser la volonté des autorités d’associer développement local et intégration régionale.
Ces actions concrètes viennent matérialiser la volonté des autorités d’associer développement local et intégration régionale.
Le volet culturel n’a pas été en reste. Danses traditionnelles, compétitions sportives et repas communautaire ont rythmé cette journée, traduisant en actes l’unité prônée dans les discours.
En somme, Pogo aura été plus qu’un cadre de célébration, un modèle vivant de l’Afrique unie par la base, où les peuples, bien que séparés par des lignes artificielles, s’épaulent et avancent ensemble vers un avenir commun.
C’est tout le sens du thème retenu cette année, « Quelles contributions des acteurs frontaliers au renforcement de la coopération transfrontalière et à la cohabitation pacifique à nos frontières ?».
Publié le vendredi 27 juin 2025